
Imaginez un élève, assis au fond de la classe. Ses yeux évitent le regard du professeur. Ses cahiers sont ouverts, mais son esprit est fermé. À chaque question posée, il se dit : « Je suis nul. Je ne comprends jamais rien. »
Et plus les jours passent, plus cette petite phrase s’enracine dans sa tête, comme une mauvaise herbe.
Mais laissez-moi vous dire une vérité simple et puissante : il n’existe pas d’élèves idiots. Il n’existe que des élèves qui n’ont pas encore trouvé la bonne façon d’apprendre.
Notre rôle, en tant qu’adultes — enseignants, parents, tuteurs ou coachs — c’est d’aider cet élève à redécouvrir ce qu’il vaut, à reprendre confiance, et à transformer la phrase « je ne peux pas » en « je peux essayer ».
1. Repenser la notion d’intelligence
La première erreur que l’on commet souvent, c’est de réduire l’intelligence à la réussite scolaire.
Un élève bon en maths ou en français n’est pas “plus intelligent” qu’un autre. Il a simplement trouvé un terrain qui correspond à sa manière de penser.
Howard Gardner, psychologue américain, parle de “multiples intelligences” : linguistique, logique, musicale, kinesthésique, interpersonnelle, etc.
➡️ Un enfant qui bouge beaucoup n’est pas dissipé : il apprend mieux en mouvement.
➡️ Celui qui dessine pendant le cours n’est pas distrait : il pense en images.
➡️ Et celui qui parle à voix haute quand il révise ne fait pas du bruit : il structure ses idées.
👉 Conseil de coach : prenez le temps d’observer comment un élève apprend. Est-il visuel, auditif, tactile ? Plus tôt vous identifiez son mode d’apprentissage, plus vite vous débloquez la porte de sa compréhension.
2. Réparer l’estime avant de renforcer le savoir
Avant d’enseigner, il faut soigner. Un élève qui se sent idiot ne manque pas de capacité, il manque de confiance.
Or, la confiance, c’est comme un muscle : ça se travaille.
Voici une méthode simple que j’utilise souvent :
- Valoriser chaque progrès. Même minime. « Tu n’as pas eu 20/20, mais regarde, tu as gagné 3 points depuis la dernière fois. C’est une belle avancée. »
- Remplacer la peur de l’échec par la curiosité. Plutôt que dire « tu t’es trompé », dites « qu’est-ce que tu as appris de cette erreur ? ».
- Créer des succès rapides. Donnez-lui une tâche à sa portée. Le cerveau retient l’émotion du succès. Il faut qu’il goûte à la victoire, même petite.
💡 Exemple concret :
Un élève de 5e en difficulté avec les fractions. Plutôt que de plonger directement dans les exercices complexes, commencez par des manipulations concrètes avec des parts de pizza ou des objets. En visualisant, il reprend confiance, puis comprend enfin la logique.
3. Parler au cerveau, pas au carnet de notes
Les notes sont des indicateurs, pas des verdicts. Un 8/20 ne dit pas « tu es nul », il dit simplement : « tu n’as pas encore trouvé comment y arriver ».
👉 Conseil de coach : remplacez le jugement par la question.
Au lieu de :
« Pourquoi tu n’as pas mieux travaillé ? »
essayez :
« Qu’est-ce qui t’a bloqué ? Comment pourrais-tu t’y prendre autrement ? »
Cette petite différence change tout.
L’élève se sent écouté, pas accusé. Il réfléchit à son processus, pas à sa valeur.
Et souvenez-vous : un élève qui comprend qu’il peut progresser développe une mentalité de croissance, ce qu’on appelle le “growth mindset”. C’est la clé de la résilience scolaire.
4. Donner du sens à l’apprentissage
Souvent, l’élève qui se sent idiot, c’est celui qui ne voit pas le sens de ce qu’il apprend.
Pourquoi apprendre les équations ? Pourquoi lire un texte du XVIIe siècle ?
En reconnectant les savoirs à la vie réelle, on rallume la flamme.
➡️ Montrez-lui que les maths servent à gérer son argent ou à calculer le coût d’un projet.
➡️ Expliquez que la littérature aide à mieux s’exprimer, à comprendre les émotions humaines.
➡️ Reliez les cours à ses passions : si l’élève aime le foot, utilisez les statistiques des matchs pour faire des exercices.
Le sens motive. Et la motivation nourrit la confiance.
5. Créer un environnement sécurisant
L’élève ne peut pas apprendre dans la peur du jugement.
Un espace d’apprentissage bienveillant, c’est celui où l’on peut se tromper sans honte.
Voici trois piliers à instaurer :
- Le droit à l’erreur. Chaque erreur devient une information utile, pas une sanction.
- L’écoute active. Quand un élève parle, on l’écoute vraiment. On reformule, on valide son ressenti.
- L’encouragement collectif. Créez une culture du soutien entre pairs : les élèves avancent mieux ensemble que seuls.
6. Redonner la fierté d’apprendre
Enfin, le plus beau cadeau qu’on puisse offrir à un élève, c’est de lui redonner la fierté d’apprendre.
Apprendre, ce n’est pas un concours, c’est un voyage.
Chaque progrès est une victoire personnelle.
💬 Dites-lui souvent :
« Ce n’est pas la vitesse qui compte, c’est la direction. »
Et si un jour, cet élève vous dit :
« J’y arrive enfin… »,
alors vous saurez que vous avez gagné bien plus qu’une bonne note : vous avez allumé une lumière qui ne s’éteindra plus.
En résumé
Aider un élève à se sentir moins idiot, c’est avant tout :
- Changer le regard qu’on porte sur lui.
- Valoriser ses efforts, pas seulement ses résultats.
- Adapter l’enseignement à son mode d’apprentissage.
- Donner du sens et de la confiance.
- Créer un environnement où l’erreur devient une étape, pas une honte.
Et surtout, ne l’oubliez jamais : chaque élève est un potentiel qui attend d’être révélé.
Il suffit d’une voix qui croit en lui pour qu’il commence, enfin, à croire en lui-même.
Guido SAVERIO
