Se plaindre fréquemment permet d’obtenir une validation constante

Le besoin de validation est une réalité profondément humaine. Nous avons tous, à un moment ou à un autre, cherché à être compris, entendu, accepté. Ce besoin fondamental de reconnaissance, qui nous pousse parfois à nous plaindre, prend racine dans notre désir de voir nos émotions validées. Quand on se plaint, il ne s’agit pas simplement de s’attarder sur ce qui va mal. Souvent, derrière chaque plainte se cache une quête : celle d’une oreille attentive, d’un regard bienveillant qui nous dit, sans même prononcer un mot : « Je te comprends. Tu n’es pas seul. »

Imaginez un instant une journée difficile. Vous avez passé des heures dans les embouteillages, votre chef au travail a été particulièrement exigeant, et pour couronner le tout, vous avez renversé votre café sur votre chemise préférée. Arrivé chez vous, vous êtes épuisé. Et là, vous avez besoin de raconter tout ça. Vous appelez un ami, vous vous installez confortablement et, sans vous en rendre compte, vous commencez à énumérer chaque détail de cette journée chaotique. À chaque mot que vous prononcez, votre ami hoche la tête, vous écoute attentivement. Il dit des choses comme : « Oh, je comprends totalement. Ça a dû être super frustrant. » En cet instant précis, vous ressentez un soulagement. Non seulement vous avez pu partager ce que vous ressentez, mais surtout, vous vous êtes senti validé. Cette écoute, cette compréhension, c’est exactement ce que vous recherchiez.

C’est ce mécanisme qui fait que se plaindre devient, pour beaucoup, une manière d’obtenir cette validation émotionnelle si essentielle. Ce n’est pas qu’une simple libération du stress. C’est un moyen de dire : « Je vis quelque chose de difficile, et j’ai besoin que quelqu’un comprenne ça. » Et souvent, ce besoin est comblé par l’écoute attentive des autres. L’impact est immédiat : vous vous sentez pris au sérieux, votre vécu est reconnu. Il ne s’agit plus simplement d’une série de contrariétés, mais de quelque chose de significatif.

Prenons un exemple pratique. Marie, 32 ans, a un emploi qu’elle adore mais qui est extrêmement stressant. Chaque jour, en rentrant chez elle, elle passe dix minutes à raconter à son conjoint toutes les petites frustrations de sa journée : la réunion qui a traîné en longueur, les clients difficiles, la montagne de tâches qu’elle n’a pas eu le temps de finir. Son conjoint, bien qu’un peu fatigué d’entendre les mêmes histoires tous les soirs, l’écoute patiemment. Il sait que pour Marie, ces plaintes sont un moyen d’externaliser son stress. Mais plus que cela, il comprend que, ce faisant, elle recherche surtout son soutien, sa reconnaissance. Et lorsqu’il lui répond : « C’est vrai que ça a l’air vraiment dur aujourd’hui, tu as dû être incroyablement courageuse de gérer tout ça », Marie ressent instantanément un apaisement. Ce n’est pas tant que ses problèmes se sont évaporés, mais elle se sent comprise, reconnue dans ses efforts. Ce simple échange renforce leur lien, et pour Marie, cela joue un rôle central dans la gestion de son stress quotidien.

Alors oui, se plaindre, dans ce contexte, peut paraître négatif au premier abord, mais c’est aussi un outil puissant de connexion sociale. Bien utilisé, ce mécanisme permet de renforcer les relations et d’améliorer la communication entre les individus. Toutefois, il est essentiel de trouver un équilibre. Trop se plaindre peut également épuiser ceux qui nous entourent. Mais lorsqu’il s’agit d’exprimer un ressenti profond, la plainte devient un moyen d’authenticité.

Voici quelques conseils personnalisés pour mieux comprendre et gérer ce besoin de validation dans votre quotidien. Premièrement, prenez conscience de la raison pour laquelle vous vous plaignez. Est-ce simplement pour vous défouler ou cherchez-vous à exprimer une frustration légitime que vous avez du mal à verbaliser autrement ? En vous posant cette question, vous pourrez mieux comprendre ce qui motive vos plaintes et, ainsi, mieux communiquer avec les autres.

Deuxièmement, choisissez bien les personnes à qui vous vous confiez. Tout le monde n’est pas prêt ou disposé à offrir l’écoute et la validation dont vous avez besoin. Parfois, il vaut mieux se tourner vers des amis ou des proches qui sont naturellement empathiques et compréhensifs. Ils seront plus à même de vous offrir l’écoute dont vous avez besoin sans se sentir accablés par vos frustrations.

Troisièmement, variez vos moyens d’expression. Si vous sentez que vous vous plaignez trop souvent, essayez d’autres manières d’exprimer ce que vous ressentez. Par exemple, écrivez dans un journal intime ou engagez-vous dans une activité relaxante qui vous permet de libérer vos tensions sans nécessairement solliciter constamment la validation des autres.

Finalement, rappelez-vous que la validation est une arme à double tranchant. Si elle peut être extrêmement bénéfique pour renforcer votre confiance en vous, elle peut aussi devenir une sorte de dépendance. Chercher constamment à être validé par les autres peut éroder votre propre estime de soi. Il est essentiel de trouver un juste milieu entre le besoin de partager vos émotions et celui de renforcer votre propre capacité à gérer les défis de la vie de manière autonome.

Le besoin de validation n’est pas une faiblesse. C’est une facette essentielle de notre humanité. Reconnaître ce besoin et savoir comment y répondre, tant pour soi-même que pour les autres, peut transformer des interactions superficielles en relations profondes et significatives. Alors, la prochaine fois que vous sentirez cette envie de vous plaindre monter en vous, ne la rejetez pas automatiquement. Utilisez-la comme une opportunité pour vous connecter aux autres, pour partager vos émotions et pour, peut-être, renforcer les liens qui comptent le plus dans votre vie.

Guido SAVERIO